#De la recherche académique en mathématiques et en neurosciences à une success-story en neurochirurgie
À peine trois ans après sa création, la med-tech bordelaise RebrAIn, spécialisée dans le traitement des maladies de Parkinson et du tremblement essentiel, vient d’annoncer la levée de 3,7 millions d’euros pour se développer commercialement à l’international, avec en première ligne de mire, le marché américain. La start-up veut aussi mettre l’accent sur la R&D et d’autres modes de traitement comme les ultrasons focalisés de haute intensité ou la radiochirurgie.
Dans le domaine de la neurochirurgie, les innovations naissent généralement au cœur des Centres Hospitaliers Universitaires (CHU) et des laboratoires de recherche publics. La start-up RebrAIn en est un parfait exemple, en révolutionnant la manière dont les neurochirurgiens pourront cibler les zones cérébrales pour traiter des maladies neurodégénératives telles que la maladie de Parkinson et le tremblement essentiel.
Fondée en 2021, RebrAIn est le fruit d'une collaboration entre Emmanuel Cuny, professeur de neurochirurgie à l'université de Bordeaux et praticien au CHU de Bordeaux, et Nejib Zemzemi, docteur en mathématiques appliquées. Leur objectif était de mettre au point un dispositif intelligent mêlant chirurgie et plateforme logicielle (OptimDBS), visant à améliorer la précision du ciblage chirurgical pour la Stimulation Cérébrale Profonde (SCP).
Révolutionner le traitement des maladies neurodégénératives
La SCP est une méthode de traitement invasif qui implique l'implantation d'électrodes dans le cerveau. Ces électrodes sont connectées à un dispositif sous-cutané qui émet un courant électrique de faible intensité vers des structures cérébrales spécifiques. Cette neurochirurgie nécessite une électrophysiologie peropératoire pendant laquelle le patient est maintenu éveillé pour identifier les emplacements où implanter les électrodes.
Les deux chercheurs ont conçu un algorithme d’intelligence artificielle permettant identifier 25 points fixes dans le cerveau pour déterminer avec précision l’endroit de placement des électrodes de stimulation, un peu comme le fait un GPS. A partir des données IRM, des spécifications du praticien et des caractéristiques du patient, l'algorithme localise une ou deux emplacements pour les électrodes sur une imagerie 3D. Le neurochirurgien utilise ensuite ces informations pour planifier et exécuter l'intervention avec une précision accrue.
Ce dispositif, protégé par un brevet et un dépôt logiciel, ne se distingue pas seulement par son potentiel d'amélioration des résultats cliniques, mais aussi dans sa capacité à rendre les procédures neurochirurgicales moins coûteuses et moins traumatisantes pour les patients. La facilitation du processus chirurgical qu'il permet est un atout majeur qui facilite l'accès à des traitements avancés pour un plus grand nombre de patients.
Un projet soutenu par la SATT Aquitaine Science Transfert
Dans leur parcours, les deux chercheurs ont été fortement soutenus par la SATT Aquitaine, qui a investi 226 000 euros dans propriété intellectuelle et dans la maturation de la preuve de concept, tant technique que clinique. Inria a également apporté un soutien financier et technologique crucial, avec un investissement initial de 100 000 euros pour le développement du logiciel OptimDBS, particulièrement sur l'intelligence artificielle qui apprend continuellement à améliorer la précision du ciblage des zones cérébrales.
OptimDBS a obtenu la certification européenne CE, ainsi que l’autorisation de la FDA américaine. Il est déjà utilisé dans des centres hospitaliers en Espagne et en Italie, mais aussi en France où les centres hospitaliers de dix grandes villes se sont engagés à conduire une étude clinique médico-économique.
La success story de RebrAIn est un nouveau témoignage la capacité de la recherche publique française à générer des avancées technologiques qui répondent à des enjeux sociétaux majeurs. Elle illustre également le rôle primordial que jouent les SATT dans le soutien très tôt à l'innovation et à l'entrepreneuriat en France.