Le Challenge Mature your PhD, organisé par la SATT CONECTUS, ouvre de multiples opportunités aux jeunes chercheur.e.s et doctorant.e.s des universités alsaciennes qui rêvent que leurs découvertes en laboratoire de recherche servent la société. Mais comment est vécu, de l’intérieur, ce challenge ? Et qu’apporte-t-il concrètement à ses lauréat.e.s ? Rencontre avec Senem YILMAZER, docteure en physico-chimie de l’Institut Charles Sadron et lauréate 2023. Une nouvelle interview signée Muriel Dudt, créatrice de contenus au sein du Pôle Universitaire d’Innovation d’Alsace.
- Sur quel sujet travailliez-vous lorsque vous avez choisi de candidater au Challenge Mature your PhD ?
J’ai candidaté au Challenge Mature your Phd en 2023, pendant ma thèse de Doctorat en physicochimie au sein de l’Institut Charles Sadron (CNRS – UPR 22). A ce moment-là, je travaillais sur diverses molécules pour des applications alimentaires en tant qu’oléogels. L’oléogélification est une technique qui consiste à gélifier des huiles liquides, saines et pauvres en graisses saturées, à partir de molécules. - Pourquoi avez-vous choisi de candidater au challenge ?
C’est mon encadrant de thèse, Philippe Mesini, qui m’a proposé de participer au Challenge. J’étais alors en deuxième année de Doctorat. Lucie Schiavo, cheffe de projets Innovation de la SATT CONECTUS, lui avait soufflé à l’oreille qu’elle pensait qu’une molécule sur laquelle je travaillais pouvait être intéressante à breveter. L’enjeu était de le faire avant de divulguer les résultats dans une publication scientifique. Et Philippe savait qu’avec la SATT CONECTUS j’allais pouvoir être accompagnée sur la protection intellectuelle de cette molécule. De mon côté, je me suis dit : pourquoi pas, c’est une opportunité ! - Comment s’est passé le concours pour vous ?
J’ai préparé le concours avec Anaïs LIEGEON, cheffe de projets Innovation au sein de la SATT CONECTUS, qui réalise une permanence à l’Institut Charles Sadron une fois par semaine. Elle m’a présenté le dossier de candidature et m’a également donné quelques conseils pour préparer mon pitch. Le jour venu, je me suis présentée seule et j’ai réussi à convaincre les différents membres du jury ! - Qu’est-ce que ce concours vous a apporté ?
J’ai découvert un nouvel univers. Je n’y connaissais absolument rien aux brevets, par exemple. C’est l’équipe de la SATT CONECTUS qui a réalisé une analyse de brevetabilité sur la molécule sur laquelle je travaillais. J’ai ensuite eu l’opportunité de suivre tout le processus de dépôt de la demande de brevet : de la rédaction à l’échange avec des cabinets d’experts… Une expérience très enrichissante.
J’ai aussi bénéficié d’une formation financée par la SATT CONECTUS : le Diplôme universitaire Deeptech Entrepreneurship (Faculté des Sciences Economiques et de Gestion de Strasbourg (FSEG), Pépite Etena, SATT CONECTUS, Quest for change). Cette formation est axée sur la création de startup, les liens industrie-recherche, la propriété intellectuelle ou encore le financement et la gestion d’une entreprise. Je l’ai trouvée très intéressante. Et j’ai beaucoup appris sur le vocabulaire utilisé dans ces domaines. Ce qui est très utile ! Parce que, souvent, lors des échanges entre les mondes de la recherche et de l’industrie, on ne parle pas des mêmes choses. On m’a même donné un lexique avec les mots essentiels ! - Comment s’est poursuivie la collaboration avec la SATT CONECTUS ?
On a démarré un projet de prématuration : un ingénieur de recherche a été recruté pendant environ un an, financé par la SATT CONECTUS, pour poursuivre les travaux en laboratoire pendant que je finalisais ma thèse. Il a réalisé des études physico-chimiques, avec pour objectif de mieux comprendre ce que notre molécule gélifie. La SATT CONECTUS a également réalisé une étude personnalisée de mon projet de thèse afin d’identifier son potentiel applicatif et économique.
Après la soutenance de ma thèse, une phase de maturation a démarré. Elle se poursuit aujourd’hui. Mon poste actuel d’ingénieure de recherche au sein de l’Institut Charles Sadron est financé par la SATT CONECTUS. Je travaille toujours sur mon projet innovant, qui a désormais un nom : GELLISSIME. L’un des objectifs de GELLISSIME est de remplacer, grâce à la production d’oléogels, les graisses solides dans les aliments, afin de limiter l’absorption des graisses saturées et trans-insaturées et ainsi diminuer le risque de maladies coronariennes. - Comment envisagez-vous la suite ?
J’entre en contact avec de nombreux industriels pour leur présenter notre technologie parce que notre objectif est de la transférer à une entreprise existante par le biais d’une licence d’exploitation. J’envisage ensuite de travailler dans l’industrie, mais je reste aussi ouverte à la possibilité de créer une startup. - Qu’avez-vous envie de dire aux doctorant.e.s qui vous lisent ?
Je leur dirais plusieurs choses ! D’abord, ne publiez rien sans être passé.e par la SATT CONECTUS pour étudier, avec elle, s’il y a des résultats de recherche que vous pouvez protéger. Ensuite, je leur dirais de croire en eux et en elles, de pousser les portes et de ne pas s’arrêter devant le premier obstacle. Soyez optimistes ! Enfin, je conseillerais de candidater au Challenge Mature your PhD. Vous ne perdrez rien et gagnerez beaucoup : un réseau, des opportunités, une meilleure confiance en vous.
Challenge Mature your PhD 2025 : et si c’était vous ?
Le Challenge Mature your PhD s’adresse aux doctorant.e.s inscrit.e.s dans une université alsacienne, ou aux jeunes chercheur.se.s (jusqu’à deux ans après leur soutenance de thèse) exerçant dans un laboratoire public alsacien ou encadrés par le réseau Fablab de l’Université de Strasbourg. Les lauréat.e.s du Challenge ont la possibilité d’explorer le monde de l’innovation, de l’entreprise et des startups. Ils remportent un prix de 1000 euros, une formation diplômante en entrepreneuriat et l’étude du potentiel applicatif de leur projet de recherche.
En savoir plus : www.challenge-myphd.com