L’Office Européen des Brevets (OEB) vient de publier son dernier panorama sur 2019. Retour sur les points marquants de l’étude.
Dans un contexte mondial d’augmentation des dépôts de brevets, le vieux continent voit aujourd’hui apparaître des évolutions technologiques marquantes.
Une forte augmentation des dépôts de brevets en Europe
Comme chaque année désormais, le nombre de brevets déposés en Europe ne cesse de croître : l’OEB a recensé 181 000 dépôts sur 2019, soit une augmentation de +4% par rapport à 2018. Les Etats-Unis dominent très largement (25% des dépôts européens), loin devant l’Allemagne (15%) et le Japon (12%).
Mais ce qui est intéressant se passe derrière : la Chine, 4ème, fait un bond de près de 30%, soit la plus forte hausse de dépôts de brevets en Europe sur 2019. La France est 5ème de ce classement, quasiment au même niveau qu’en 2018. Elle se situe juste devant la Corée du Sud, qui cristallise également la deuxième plus forte hausse, à +15%. Plus loin derrière, on constate également des hausses significatives : le Portugal (+23%) et la Suède (+8%).
Une influence montante des pays asiatiques, et tout particulièrement de la Chine, même si pour l’heure, ce sont bien les Etats-Unis qui conservent le leadership des dépôts de brevets en Europe !
Le numérique en force
Les dépôts de brevet les plus importants et la plus forte hausse par rapport à 2018 concernent les télécoms, et tout particulièrement les communications digitales (+20%), dépassant les medtech, pourtant en tête en 2018. Autre constat, concernant la chimie : aucune thématique n’est prépondérante. On retrouve, au coude-à-coude, les biotechnologies, la pharmaceutique et la chimie fine. Dans le domaine des matériaux, notons une forte hausse des dépôts de brevets sur les composés à base métallique (+10%), et une légère baisse dans le domaine des polymères (-2%). Enfin, les dispositifs optiques et de contrôle/commande ont aussi connu une hausse significative de respectivement 7 et 8% par rapport à l’année précédente.
Dans l’ombre des géants du numérique
Derrière tous ces chiffres, une question se pose : quelles sont ces entreprises influentes qui cherchent à protéger leurs innovations en Europe ?
Leur profil tout d’abord : il s’agit majoritairement (et sans surprise) des grands groupes à 70% puis des PME/start-ups et indépendants à 20% et enfin des acteurs publics (Universités…) à 10%. Au regard de l’influence asiatique croissante évoquée plus haut, on ne sera pas surpris de voir aux trois premières places le chinois Huawei (de manière écrasante), et les coréens Samsung et LG. Derrière eux, ce sont aussi majoritairement les leaders mondiaux du numérique, de l’électronique et des télécoms : Siemens, Qualcomm, Ericsson, Philips, Sony, mais aussi General Electric, Google, Microsoft, Intel, Panasonic, Hitachi ou encore Nokia. Tous ces industriels sont positionnés dans les vingt premières places du classement.
Et sinon ? Le géant de l’aéronautique United Technologies est 4ème, le premier représentant du secteur de la chimie est BASF, le premier représentant français est académique – le CEA (30ème), et le premier industriel français est Valéo (37ème).
Les raisons de l’explosion du numérique
Plusieurs tendances sont observées derrière les fortes augmentations constatées sur 2019.
Tout d’abord, la préparation de la 5G : les industriels sont hyperactifs dans le domaine, ce qui alimente fortement les dépôts de brevets sur les communications digitales. En tête : Huawei (Chine), Qualcomm (US), Ericsson (un européen, enfin…) ou encore Oppo (Chine).
Autre domaine en forte hausse : les technologies informatiques font l’objet de dépôts de brevets croissants en raison des besoins technologiques croissants sur les dispositifs électroniques, mais aussi en matière d’« intelligence » (apprentissage et reconnaissance automatique, Google, Bosch, Samsung et Siemens en tête), à la génération et analyse d’image (Philips, Siemens, Sony et Google en tête), ainsi qu’à la recherche de données (notamment bigdata, Microsoft et Google en tête).
La révolution numérique n’est pas un scoop. Elle a démarré depuis bien longtemps. Mais aujourd’hui, elle marque de plus en plus fort de son empreinte les dépôts de brevets en Europe. Avec un enjeu tout particulier pour les acteurs européens à suivre ce mouvement par un accroissement des dépôts de brevets.
Article rédigé par Tech Intelligence® – service d’intelligence économique de Toulouse Tech Transfer.