Portrait de Charles DUMONTET, serial chercheur-entrepreneur au Centre de Recherche en Cancérologie de Lyon et co-fondateur de 3 startups soutenues par PULSALYS

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22 décembre 2020

A l’occasion de la newsletter de ce mois dédiée aux serial chercheurs-entrepreneurs, nous sommes allés à la rencontre de Charles Dumontet, co-fondateur et membre du board scientifique de 3 startups : HEPHAISTOS-Pharma, Mablink Bioscience (2 startups soutenues par PULSALYS) et Antinéo. Charles Dumontet est avant tout Directeur Adjoint et Responsable de l’équipe Onco-pharmacologie au Centre de Recherche en Cancérologie de Lyon, et Professeur d’hématologie à l’Université Claude Bernard Lyon 1. Il est également Praticien Hospitalier aux Hospices Civils de Lyon, Président de la Direction de la Recherche Clinique et Innovation et aussi vice-président recherche des HCL. Nous sommes allés l’interviewer pour en savoir plus sur son parcours.

Vous êtes à l’origine de la création de 3 startups, comment passe-t-on de la recherche à l’entrepreneuriat ?

Tout d’abord, il faut l’invention qui peut émaner des activités de recherche menées en laboratoire comme nous le faisons au CRCL. Cela fait maintenant plus de 20 ans que je travaille en cancérologie et il n’y a qu’une infime part des innovations et des brevets déposés qui peuvent déboucher sur un candidat médicament potentiel. C’est un processus très long avec de nombreuses étapes de sélection sur la faisabilité, l’originalité, la brevetabilité et les indications potentielles. Pour autant, la création d’une startup et la recherche fondamentale ne sont pas antagonistes, au contraire, cela peut être une suite logique à un projet de recherche.

Pourquoi vous êtes-vous orienté vers la création de startup ?

Depuis le début de ma carrière, mon ambition a été que mes recherches puissent servir à la société avec des médicaments qui permettent de traiter les patients atteints de cancer, ce qui nécessite l’accès à des investissements bien supérieurs aux montants accessibles aux laboratoires académiques de recherche. La réalité, c’est qu’il est plus simple de passer par la création d’une structure comme une startup, très agile, pour réaliser le développement de ces principes actifs. Concrètement, il faut véritablement atteindre le premier stade de preuve de concept clinique et pour cela, la startup peut aller lever des fonds importants auprès d’investisseurs privés, ce que nous, dans notre activité académique, ne pouvons pas faire.

Selon vous, quels sont les facteurs clés de succès de ces projets ?

Clairement, c’est véritablement le fait d’avoir une personne forte et très dynamique permettant la création de la startup. Cela est particulièrement vrai pour HEPHAISTOS-Pharma et Mablink Bioscience, pour lesquels respectivement les entrepreneurs Frédéric Caroff et Jean-Guillaume Lafay avaient les compétences pour mener à bien ce projet. En tant qu’entrepreneurs aguerris, ils sont familiers des rouages, ils connaissent les montages de dossiers, savent frapper aux bonnes portes et surtout ils se sont battus pour obtenir des financements (i-Lab, financement européen…). Parfois, cela prend du temps de trouver la bonne personne pour porter le projet, comme pour Antinéo, mais cette adéquation entre l’expertise scientifique et l’expérience entrepreneuriale est déterminante dans la réussite de ces projets.

Avez-vous déjà pensé à être CEO ou CSO ?

Je n’ai jamais vraiment pensé à l’être dans la mesure où je suis toujours resté très attaché au contact avec les patients ainsi qu’à la formation des étudiants et des personnels d’autant que ceux-ci sont conciliables avec la création de ces startups et le conseil que je peux leur apporter. De plus, je ne pense pas posséder les compétences pour tenir un autre rôle que celui de membre de board que j’occupe aujourd’hui. Pour augmenter nos chances de succès il faut avoir la personne la plus pertinente possible à chacun des postes de l’entreprise, surtout dans une petite structure.

Comment concilier votre rôle de conseil auprès de ses startups avec vos autres activités ?

Cela n’est pas toujours simple mais le volume horaire n’est pas le plus important, ce qui compte c’est de pouvoir intervenir à des moments clés de la vie de la startup, notamment dans la prise de décisions. Le temps passé auprès de ces startups représente environ 20 % de mon activité, je me dois donc d’utiliser mon temps de manière judicieuse. Grâce à l’expertise que j’ai acquise depuis des années dans la recherche clinique des médicaments anticancéreux avec les outils mis en place et mon réseau, j’arrive à être plus efficace pour aider ces startups, tout en assumant une convergence entre mes différentes activités.

Qu’est-ce qui vous anime et que vous apportent personnellement ces projets ?

Le cheminement est passionnant et cela me permet de découvrir des mondes nouveaux comme celui des startups. De plus, cela est gratifiant de faire monter en compétences beaucoup de personnes, notamment au CRCL, et qu’ils arrivent à bord des startups comme Antinéo ou Mablink Bioscience. C’est une aventure humaine très enrichissante et très complémentaire de ce que j’ai pu faire auparavant. Je suis fier d’être un des acteurs de ces projets ambitieux qui dessineront le monde de demain.

Quels conseils donneriez-vous à des chercheurs qui souhaitent entreprendre ?

Pour commencer, il faut s’assurer du potentiel des travaux de recherches en ayant toujours en tête le marché adressé et la viabilité économique du projet. Si c’est le cas, il faut protéger l’innovation et savoir bien s’entourer notamment avec un entrepreneur dont c’est le métier. Dès le départ, il faut être sur la même longueur d’onde et qu’il y ait un climat de confiance afin de faire décoller le projet. Pour finir, il faut activer tous les réseaux possibles, discuter avec des gens qui l’ont fait et se retourner vers PULSALYS ou d’autres acteurs de l’écosystème comme nous l’avons fait avec le Cancéropôle CLARA, le Centre Léon Bérard et les HCL.

Dernièrement, PULSALYS et les HCL ont signé un accord pour booster l’émergence de nouvelles innovations, qu’en pensez-vous ?

Une des missions principales de la mission innovation des HCL est de sensibiliser, et surtout d’encourager les praticiens à franchir ces différentes étapes en leur expliquant qu’il y a des personnes et des structures pour les accompagner et que cela en vaut la peine. Ce partenariat entre PULSALYS et les HCL et plus largement avec les Universités sont bénéfiques pour toutes les parties. Cela permet de mettre des outils en place extrêmement précieux pour les praticiens dont le métier est avant tout d’être auprès des patients. Par exemple, s’il n’y avait pas eu cette aide initiale de PULSALYS pour HEPHAISTOS-Pharma mais également celle du Cancéropôle CLARA, nous n’en serions pas là. L’écosystème est déterminant ! Ce partenariat nous sera également très utile pour réaliser des études cliniques aux HCL et au Centre Léon Bérard pour des startups comme HEPHAISTOS-Pharma ou Mablink Bioscience.

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